Bref historique de la pollution et contaminations du Tota

Aujourd’hui encore, ce 15 avril 2021, se poursuivent les travaux d’extraction de l’élodée des eaux du Tota.

L’élodée, une algue invasive originaire d’Amérique du nord et surnommée « la peste d’eau »… tout un programme ! Elle est généralement employée pour les aquariums.
Elle a été introduite dans le lac en 1973 pour améliorer le régime alimentaire de la truite. Cette plante est maintenant l’un des grands problèmes de par sa croissance incontrôlée. C’est l’une des raisons par laquelle le lac a perdu en étendue de surface.

La truite a été elle-même introduite en 1939, alors que le gouvernement régional voulait construire une centrale hydroélectrique.

Les années 70 sont importantes :

 En 1973, l’industrie des Aciéries Paz de Rio construit la chaîne d’adduction et de tunnel de captation à gravité (parallèle au ′′ tube siphon ′′), en l’interconnectant avec des canalisations enterrées. Les Aciéries captent ou dérivent depuis lors les eaux nécessaires aux processus industriels.

 Entre août 1975 et juin 1976, après un été intense en 73 et 74 qui réduit les niveaux du lac, l’INDERENA (Institut National des Ressources Naturelles Renouvelables) détourne partiellement la rivière Olarte afin d’alimenter le lac. Les travaux de captation ont été exécutés de façon défectueuse, les calculs pour la hauteur et les changements de niveau du lac étaient incorrects et au lieu de corriger les travaux, la rivière fut détournée, ce qui occasionna de graves dommages.

 En septembre 76, des inondations causent de lourdes pertes à la population riveraine. L’administration du lac est alors déléguée à la Corpoboyaca (*) pour une période de 20 ans. Ce sera durant cette période de vingt années que grandiront les conflits d’intérêts entre public et privé, conflits qui ne cessent de croître aujourd’hui, avec toujours la Corpoboyaca demeurée à la gouvernance.

Il est maintenant urgent qu’une analyse critique soit menée afin de reconnaître les responsabilité de tous les acteurs : les communes qui utilisent l’eau du lac, la chaine de production et de consommation des oignons, l’une des principales économies de la région, les différentes institutions de gestion et de gouvernances, les zones de confort et de tourisme, etc.

Les institutions n’ont pas établi les règles nécessaires qui concernent les eaux usées qui se déversent dans le lac, le système de collecte des ordures, les changements à apporter aux formes polluantes d’agriculture, un marché de l’oignon qui n’adopte pas d’exigences de production et de distribution.

Il y a maintenant 20 ans que des machines d’extraction de l’élodée sont disponibles, mais elles ne sont utilisées qu’épisodiquement et plus pour les besoins de communication que pour de réels besoins environnementaux. Par exemple : on arrache l’algue puis… on la rejette dans le lac ! Il faut aussi compter avec les mines qui déversent leurs différents polluants.

En conclusion provisoire, la Corpoboyaca et les différentes administrations n’avancent pas de façon effective les mesures qui seraient à la hauteur des enjeux et conflits d’intérêt ; elles ne proposent pas de mesures d’éducation pour les populations ; elles ne veulent pas reconnaître leurs parts de responsabilité et elles favorisent la confrontation entre les différents acteurs au lieu de permettre que des solutions réelles et pouvant faire consensus puissent s’engager.
(*)Corpoboyaca : https://www.corpoboyaca.gov.co/